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gasiner d’énormes masses de pollen, qui, inutilisées, ne tardent pas à rancir, à durcir, et à encombrer les gâteaux, le long interrègne stérile qui va du premier essaimage à la fécondation de la seconde reine, etc., etc.

De ces fautes, la plus grave, la seule qui sous nos climats soit presque toujours fatale, c’est l’essaimage répété. Mais n’oublions pas que sous ce rapport la sélection naturelle de l’abeille domestique est, depuis des milliers d’années, contrariée par l’homme. De l’Égyptien du temps des Pharaons à nos paysans d’aujourd’hui, l’éleveur a toujours agi à contre-biais des désirs et des avantages de l’espèce. Les ruches les plus prospères sont celles qui ne jettent qu’un essaim dès le commencement de l’été. Elles remplissent ainsi leur désir maternel, assurent le maintien de la souche, le renouvellement nécessaire des reines, et l’avenir de l’essaim, qui, nombreux et précoce, a le temps de bâtir des demeures solides et bien approvisionnées avant la venue de l’automne. Il est certain que livrées à elles-mêmes, ces ruches et leurs rejetons survivant seuls aux épreuves de l’hiver qui eussent presque régulièrement anéanti les colonies animées d’instincts différents, la règle de l’essaimage res-