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XVI

Si l’idée que nous avons suivie des yeux a pris sa forme suprême chez nos abeilles domestiques, ce n’est pas à dire que tout soit irréprochable dans la ruche. Un chef-d’œuvre, la cellule hexagonale, y atteint à tous les points de vue la perfection absolue, et il serait impossible à tous les génies assemblés d’y améliorer rien. Aucun être vivant, pas même l’homme, n’a réalisé au centre de sa sphère ce que l’abeille a réalisé dans la sienne ; et si une intelligence étrangère à notre globe venait demander à la terre l’objet le plus parfait de la logique de la vie, il faudrait lui présenter l’humble rayon de miel.

Mais tout n’est pas égal à ce chef-d’œuvre. Déjà, nous avons noté à la rencontre quelques fautes et quelques erreurs, parfois évidentes, parfois mystérieuses : la surabondance et l’oisiveté ruineuses des mâles, la parthénogenèse, les risques du vol nuptial, l’essaimage excessif, le manque de pitié, le sacrifice presque monstrueux de l’individu à la société. Ajoutons-y une propension étrange à emma-