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et la ligne qui les relie n’existe-t-elle que dans notre imagination ? Ne bâtissons pas encore de système dans cette région mal explorée. N’allons qu’à des conclusions provisoires, et, si nous le voulons, penchons plutôt vers les plus pleines d’espérance, car, s’il fallait absolument choisir, quelques lueurs nous indiquent déjà que les plus désirées seront les plus certaines. Du reste, reconnaissons encore que notre ignorance est profonde. Nous apprenons à ouvrir les yeux. Mille expériences qu’on pourrait faire n’ont pas été tentées. Par exemple, les Prosopis, prisonnières et forcées de cohabiter avec leurs semblables, pourraient-elles à la longue franchir le seuil de fer de la solitude absolue, prendre plaisir à se réunir comme les Dasypodes, et faire un effort fraternel pareil à celui des Panurgues ? Les Panurgues, à leur tour, dans des circonstances imposées et anormales, passeraient-ils du couloir commun à la chambre commune ? Les mères des Bourdons, hivernées ensemble, élevées et nourries en captivité, arriveraient-elles à s’entendre et à diviser le travail ? Et les Méliponites, leur a-t-on donné des rayons de cire gaufrée ? Leur a-t-on offert des amphores artificielles pour remplacer leurs curieuses