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générale moins assurée, la prospérité plus bornée que chez nos abeilles, et partout où l’on introduit celles-ci, les Méliponites tendent à disparaître devant elles. L’idée fraternelle s’est également et magnifiquement épanouie dans les deux races, excepté sur un point, où chez l’une elle n’a guère dépassé ce qu’elle avait déjà réalisé dans l’étroite famille des Bourdons. Ce point, c’est l’organisation mécanique du travail en commun, l’économie précise de l’effort, en un mot l’architecture de la cité qui est manifestement inférieure. Il suffira de rappeler ce que j’en ai dit au Livre III, chap. XVIII de ce volume, en y ajoutant que, dans les ruches de nos Apites, toutes les cellules sont indifféremment propres à l’élevage du couvain et à l’emmagasinage des provisions et durent aussi longtemps que la cité même, au lieu que chez les Méliponites, elles ne peuvent servir qu’à une fin, et celles qui forment les berceaux des jeunes nymphes sont détruites après l’éclosion de celles-ci.

C’est donc chez nos abeilles domestiques que l’idée a pris sa forme la plus parfaite ; et voilà un tableau rapide et incomplet des mouvements de cette idée. Ces mouvements sont-ils fixés une fois pour toutes dans chaque espèce,