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nombre et l’ardeur. De telles réunions sont donc la simple conséquence du grand nombre d’individus habitant la même localité. »

Mais chez les Panurgues, cousines des Dasypodes, un petit trait de lumière jaillit soudain, et éclaire la naissance d’un sentiment nouveau dans l’agglomération fortuite. Elles se réunissent à la manière des précédentes et chacune fouit pour son compte sa chambre souterraine ; mais l’entrée, le couloir qui de la surface du sol conduit aux terriers séparés, est commun. « Ainsi, dit encore M. Perez, pour ce qui est du travail des cellules, chacune se comporte comme si elle était seule ; mais toutes utilisent la galerie d’accès ; toutes, en ceci, profitent du travail d’une seule et s’épargnent ainsi le temps et la peine d’établir chacune une galerie particulière. Il y aurait intérêt à s’assurer si ce travail préliminaire lui-même ne s’exécuterait pas en commun, et si plusieurs femelles ne se relayeraient pas pour y prendre part à tour de rôle. »

Quoi qu’il en soit, l’idée fraternelle vient de percer la paroi qui séparait deux mondes. Ce n’est plus l’hiver, la faim ou l’horreur de la mort qui l’arrache à l’instinct, affolée et méconnaissable ; c’est la vie active qui la suggère.