Page:Maeterlinck - La Vie des abeilles.djvu/297

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tant, vers la fin de l’été, il arrive qu’on trouve quelques individus d’une espèce particulière, (Xylocopa Cyanescens), groupés frileusement dans une tige d’Asphodèle, pour passer l’hiver en commun. Cette fraternité tardive est exceptionnelle chez les Xylocopes, mais, chez leurs plus proches parentes, les Cératines, l’habitude est déjà invariable. Voilà l’idée qui point. Elle s’arrête aussitôt, et jusqu’ici, chez les Xylocopides, elle n’a pu dépasser cette première ligne obscure de l’amour.

Chez d’autres Apiens, l’idée qui se cherche prend d’autres formes. Les Chalicodomes des hangars, qui sont des abeilles maçonnes, les Dasypodes et les Halictes, qui creusent des terriers, se réunissent en colonies nombreuses pour construire leurs nids. Mais c’est une foule illusoire formée de solitaires. Nulle entente, nulle action commune. Chacun, profondément isolé dans la multitude, bâtit sa demeure pour soi seul, sans s’occuper de son voisin. « C’est, dit M. J. Perez, un simple concours d’individus que les mêmes goûts, les mêmes aptitudes rassemblent au même endroit, où la maxime de chacun pour soi se pratique dans toute sa rigueur ; enfin une cohue de travailleurs rappelant l’essaim d’une ruche uniquement par le