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Gastrilégides. Il faut qu’elle ramasse péniblement, à l’aide de ses petites griffes, la poudre des calices et qu’elle l’avale pour la porter dans sa tanière. Elle n’a d’autre outil que sa langue, sa bouche et ses pattes, mais sa langue est trop courte, ses pattes sont débiles et ses mandibules sans force. Ne pouvant produire la cire, ni creuser le bois, ni fouir le sol, elle pratique de maladroites galeries dans la moelle tendre des ronces sèches, y installe quelques cellules grossièrement agencées, les pourvoit d’un peu de nourriture destinée à des enfants qu’elle ne verra jamais, puis, sa pauvre tâche accomplie pour une fin qu’elle ne connaît point et que nous ne connaissons pas davantage, elle s’en va mourir dans un coin, seule au monde, comme elle avait vécu.

X

Nous passerons sur bien des espèces intermédiaires où nous pourrions voir peu à peu la langue s’allonger pour puiser le nectar au creux d’un plus grand nombre de corolles, l’appareil collecteur de pollen, poils, houppes, brosses tibiales, tarsiennes et ventrales, poindre et se