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abeilles sauvages, aïeules de celle qui s’est soumise à nos désirs, et je me suis rappelé les leçons du vieil amateur des ruches de Zélande. Plus d’une fois, il me promena parmi ses parterres multicolores, dessinés et entretenus comme au temps du père Cats, le bon poète hollandais, prosaïque et intarissable. Ils formaient des rosaces, des étoiles, des guirlandes, des pendeloques et des girandoles au pied d’une aubépine ou d’un arbre fruitier taillé en boule, en pyramide ou en quenouille, et le buis, vigilant comme un chien de berger, courait le long des bords pour empêcher les fleurs d’envahir les allées. J’y appris les noms et les habitudes des indépendantes butineuses que nous ne regardons jamais, les prenant pour des mouches vulgaires, des guêpes malfaisantes ou des coléoptères stupides. Et pourtant chacune d’elles porte sous la double paire d’ailes qui la caractérise au pays des insectes, un plan de vie, les outils et l’idée d’un destin différent et souvent merveilleux. Voici d’abord les plus proches parents de nos abeilles domestiques, les Bourdons hirsutes et trapus, parfois minuscules, presque toujours énormes et couverts, comme les hommes primitifs, d’un informe sayon que cerclent des anneaux de cuivre ou de