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sent se transmettre de générations en générations, etc. Mais à côté de ces faits qui ne sont pas assez déterminés, il en est d’autres, constants et précis, qui montrent que toutes les races de l’abeille domestique ne sont pas arrivées au même degré de civilisation politique, qu’on en trouve où l’esprit public tâtonne encore et cherche peut-être une autre solution au problème royal. L’abeille syrienne, par exemple, élève d’ordinaire cent vingt reines et souvent davantage. Au lieu que notre Apis mellifica, en élève, au plus, dix ou douze. Cheshire nous parle d’une ruche syrienne, nullement anormale, où l’on découvrit vingt et une reines-mères mortes et quatre-vingt-dix reines vivantes et libres. Voilà le point de départ ou d’arrivée d’une évolution sociale assez étrange et qu’il serait intéressant d’étudier à fond. Ajoutons que sous le rapport de l’élevage des reines, l’abeille chypriote se rapproche beaucoup de la syrienne. Est-ce un retour, encore incertain, à l’oligarchie après l’expérience monarchique, à la maternité multiple après l’unique ? Toujours est-il que l’abeille syrienne et la chypriote, très proches parentes de l’égyptienne et de l’italienne, sont probablement les premières que