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encore nommer « l’argument insatiable », est des plus dangereux, et, appliqué à l’homme, nous mènerait fort loin. À le bien considérer, il émane de « ce simple bon sens » qui fait souvent beaucoup de mal et qui répondait à Galilée : « Ce n’est pas la terre qui tourne puisque je vois le soleil marcher dans les cieux, remonter le matin et descendre le soir, et que rien ne peut prévaloir sur le témoignage de mes yeux. » Le bon sens est excellent et nécessaire au fond de notre esprit, mais à la condition qu’une inquiétude élevée le surveille et lui rappelle au besoin l’infini de son ignorance ; sinon il n’est que la routine des parties basses de notre intelligence. Mais les abeilles ont répondu elles-mêmes à l’objection de Kirby et Spence. Elle était à peine formulée qu’un autre naturaliste, Andrew Knight, ayant enduit d’une espèce de ciment fait de cire et de térébenthine l’écorce malade de certains arbres, observa que ses abeilles avaient complètement renoncé à récolter la propolis et n’usaient plus que de cette matière inconnue, mais bientôt éprouvée et adoptée, qu’elles trouvaient toute préparée et en abondance aux environs de leur logis.

Du reste, la moitié de la science et de la pratique apicole est l’art de donner carrière à