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et de l’ingénieur, mais ces rayons sont exactement pareils à ceux qu’on retrouve dans les sarcophages ou qui sont représentés sur les pierres et les papyrus égyptiens. Citez-nous un seul fait qui marque le moindre progrès, présentez-nous un détail où elles aient innové, un point où elles aient modifié leur routine séculaire : nous nous inclinerons et nous reconnaîtrons qu’il n’y a pas seulement en elles un instinct admirable, mais une intelligence qui a droit de se rapprocher de celle de l’homme ; et d’espérer avec elle on ne sait quelle destinée plus haute que celle de la matière inconsciente et soumise.

Ce n’est pas seulement le profane qui parle ainsi, mais des entomologistes de la valeur de Kirby et Spence ont usé du même argument pour dénier aux abeilles toute autre intelligente que celle qui s’agite vaguement dans l’étroite prison d’un instinct surprenant mais invariable. « Montrez-nous, disent-ils, un seul cas où, pressées par les circonstances, elles aient eu l’idée de substituer l’argile, par exemple, ou le mortier à la cire et à la propolis, et nous conviendrons qu’elles sont capables de raisonner. »

Cet argument, que Romanes appelle « The question begging argument », et qu’on pourrait