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Regardez l’homme qui mène les chevaux, tout le corps de celui qui tend la gerbe sur la fourche, les femmes penchées sur le blé et les enfants qui jouent… Ils n’ont pas déplacé une pierre, remué une pelletée de terre pour embellir le paysage ; ils ne font pas un pas, ne plantent pas un arbre, ne sèment pas une fleur qui ne soient nécessaires. Tout ce tableau n’est que le résultat involontaire de l’effort de l’homme pour subsister un moment dans la nature ; et cependant, ceux d’entre nous qui n’ont d’autre souci que d’imaginer ou de créer des spectacles de paix, de grâce ou de pensée profonde, n’ont rien trouvé de plus parfait, et viennent simplement peindre ou décrire ceci quand ils veulent nous représenter de la beauté ou du bonheur. Voilà la première apparence que quelques-uns appellent la vérité. »

XI

« Approchons. Saisissez-vous le chant qui répondait si bien au feuillage des grands arbres ? Il est formé de gros mots et d’injures ; et quand le rire éclate c’est qu’un homme, qu’une femme lance une ordure ou qu’on se moque du plus