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n’importe où, dans des incertitudes souvent plus étendues que celles que la petite explication nous a forcé d’abandonner, par exemple dans l’étrange mystère de la fécondation croisée, dans la perpétuité de l’espèce et de la vie, dans le plan de la nature, si nous n’y cherchions pas une suite à cette explication, un prolongement de beauté et de grandeur dans l’inconnu, j’ose presque assurer que nous passerions notre existence à une plus grande distance de la vérité que ceux-là mêmes qui s’obstinent aveuglément dans l’interprétation poétique et tout imaginaire de ces noces merveilleuses. Ils se trompent évidemment sur la forme ou la nuance de la vérité, mais beaucoup mieux que ceux qui se flattent de la tenir tout entière dans la main, ils vivent sous son impression et dans son atmosphère. Ils sont préparés à la recevoir, il y a en eux un espace plus hospitalier, et s’ils ne la voient pas, ils tendent du moins les yeux vers le lieu de beauté et de grandeur où il est salutaire de croire qu’elle se trouve.

Nous ignorons la fin de la nature qui est pour nous la vérité qui domine toutes les autres. Mais, pour l’amour même de cette vérité, pour entretenir en notre âme l’ardeur de sa recherche, il est nécessaire que nous la croyions