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et en obtient ce qu’il demande, pourvu que sa demande se soumette à leurs vertus et à leurs lois car, à travers les volontés du dieu inattendu qui s’est emparé d’elles, — trop vaste pour être discerné et trop étranger pour être compris, — elles regardent plus loin que ne regarde ce dieu même, et ne songent qu’à accomplir, dans une abnégation inébranlée, le devoir mystérieux de leur race.

IV

Maintenant que les livres nous ont dit ce qu’ils avaient d’essentiel à nous dire, sur une histoire fort ancienne, quittons la science acquise par les autres pour aller voir de nos propres yeux les abeilles. Une heure au milieu du rucher nous montrera des choses peut-être moins précises mais infiniment plus vivantes et plus fécondes.

Je n’ai pas encore oublié le premier rucher que je vis, où j’appris à aimer les abeilles. C’était, voilà des années, dans un gros village de cette Flandre Zélandaise, si nette et si gracieuse, qui, plus que la Zélande même, miroir concave de la Hollande, a concentré le goût