Page:Maeterlinck - La Vie des abeilles.djvu/237

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la cruauté, plus, du même coup, il en apporte aux autres qui conseillent la générosité, la pitié, la justice, car dès l’instant qu’il commence d’égaliser et de proportionner plus méthodiquement les parts qu’il fait à l’univers et à lui-même, il trouve à ces dernières lois quelque chose d’aussi profondément naturel qu’aux premières, puisqu’elles sont inscrites aussi profondément en lui que les autres le sont dans tout ce qui l’entoure.

VI

Remontons aux noces tragiques de la reine. Dans l’exemple qui nous occupe, la nature veut donc, en vue de la fécondation croisée, que l’accouplement du faux-bourdon et de la reine abeille ne soit possible qu’en plein ciel. Mais ses désirs se mêlent comme un réseau et ses lois les plus chères ont à passer sans cesse à travers les mailles d’autres lois, qui l’instant d’après passeront à leur tour à travers celles des premières.

Ayant peuplé ce même ciel de dangers innombrables, de vents froids, de courants, d’orages, de vertiges, d’oiseaux, d’insectes, de