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Claude Bernard, etc… Mais, ici, le mystère nous est trop étranger. Tenons-nous à nos fleurs, qui sont les dernières figures d’une vie qui a encore quelque rapport à la nôtre. Il ne s’agit plus d’animaux ou d’insectes auxquels nous attribuons une volonté intelligente et particulière, grâce à laquelle ils survivent. À tort ou à raison, nous ne leur en accordons aucune. En tout cas, nous ne pouvons trouver en elles la moindre trace de ces organes où naissent et siègent d’habitude la volonté, l’intelligence, l’initiative d’une action. Par conséquent, ce qui agit en elles d’une manière si admirable, vient directement de ce qu’ailleurs nous appelons : la Nature. Ce n’est plus l’intelligence de l’individu, mais la force inconsciente et indivise, qui tend des pièges à d’autres formes d’elle-même. En induirons-nous que ces pièges soient autre chose que de purs accidents fixés par une routine accidentelle aussi ? Nous n’en avons pas encore le droit. On peut dire qu’au défaut de ces combinaisons miraculeuses, ces fleurs n’eussent pas survécu, mais que d’autres, qui n’auraient pas eu besoin de la fécondation croisée, les eussent remplacées, sans que personne se fût aperçu de l’inexistence des premières, sans que la vie qui ondule sur la terre nous eût