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les myxomycètes, qu’il y a des mouvements de ruse dans des infusoires privés de tout organisme apparent, tels que l’Amœba qui guette avec une sournoise patience les jeunes Acinètes à la sortie de l’ovaire maternel, parce qu’elle sait qu’à ce moment elles n’ont pas encore de tentacules vénéneuses. Or, l’Amœba ne possède ni système nerveux, ni organe d’aucune espèce que l’on puisse observer. Allons directement aux végétaux qui sont immobiles et semblent soumis à toutes les fatalités, et sans nous arrêter aux plantes carnivores, aux Droseras par exemple, qui agissent réellement comme les animaux, étudions plutôt le génie déployé par telles de nos fleurs les plus simples pour que la visite d’une abeille entraîne inévitablement la fécondation croisée qui leur est nécessaire. Voyons le jeu miraculeusement combiné du rostellum, des rétinacles, de l’adhérence et de l’inclinaison mathématique et automatique des pollinies dans l’Orchis Morio, l’humble orchidée de nos contrées[1] ; démontons la double bascule infaillible

  1. Il est impossible de donner ici le détail de ce piège merveilleux décrit par Darwin. En voici le schème grossier : le pollen, dans l’Orchis Morio, n’est pas pulvérulent, mais aggloméré en forme de petites massues appelées Pollinies. Chacune de ces massues (elles sont deux) se termine à son