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tures, de sorte qu’à notre vainqueur manque toute la nourriture que son dernier ennemi a absorbée avant de mourir, et, incapable de subir la première mue, il meurt à son tour, reste suspendu à la peau de l’œuf, ou va augmenter dans le liquide sucré le nombre des noyés. »

XIV

Ce cas, bien qu’il soit rarement aussi clair, n’est pas unique dans l’histoire naturelle. On y voit à nu la lutte entre la volonté consciente du triongulin qui entend vivre et la volonté obscure et générale de la nature, qui désire également qu’il vive et même qu’il fortifie et améliore sa vie plus que sa volonté propre ne le pousserait à le faire. Mais, par une inadvertance étrange, l’amélioration imposée supprime la vie même du meilleur, et le Sitaris Colletis aurait depuis longtemps disparu, si des individus, isolés par un hasard contraire aux intentions de la nature, n’échappaient ainsi à l’excellente et prévoyante loi qui exige partout le triomphe des plus forts.

Il arrive donc que la grande puissance qui