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surtout après les hivers désastreux, comme si les abeilles, toujours en contact avec les volontés secrètes de la nature, avaient conscience du danger qui menace l’espèce. Mais, en temps normal, cette fièvre est assez rare dans les ruchées fortes et bien gouvernées. Beaucoup n’essaiment qu’une fois, plusieurs même n’essaiment pas du tout.

D’habitude, après le deuxième essaim, les abeilles renoncent à se diviser davantage, soit qu’elles remarquent l’affaiblissement excessif de la souche, soit qu’un trouble du ciel leur dicte la prudence. Elles permettent alors à la troisième reine de massacrer les captives, et la vie ordinaire reprend et se réorganise avec d’autant plus d’ardeur que presque toutes les ouvrières sont très jeunes, que la ruche est appauvrie et dépeuplée, et qu’il y a de grands vides à remplir avant l’hiver.

IX

La sortie du deuxième et du troisième essaim ressemble à celle du premier, et toutes les circonstances sont pareilles, à cela près que les abeilles y sont moins nombreuses, que la troupe