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VII

Lorsque la jeune souveraine a ainsi détruit les berceaux ou tué sa rivale, elle est acceptée par le peuple, et il ne lui reste plus, pour régner véritablement et se voir traitée comme l’était sa mère, qu’à accomplir son vol nuptial, car les abeilles ne s’en occupent guère et lui rendent peu d’hommages tant qu’elle est inféconde. Mais souvent son histoire est moins simple, et les ouvrières renoncent rarement au désir d’essaimer une seconde fois.

Dans ce cas, comme dans l’autre, portée d’un même dessein, elle s’approche des cellules royales, mais, au lieu d’y trouver des servantes soumises et des encouragements, elle se heurte à une garde nombreuse et hostile qui lui barre la route. Irritée, et menée par son idée fixe, elle veut forcer ou tourner le passage, mais rencontre partout les sentinelles, qui veillent sur les princesses endormies. Elle s’obstine, elle revient à la charge, on la repoussa de plus en plus âprement, on la maltraite même, jusqu’à ce qu’elle comprenne d’une manière informe que ces petites ouvrières inflexibles représen-