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à la première née des vierges royales, à celle que nous avons vue éclore, de détruire ses sœurs ennemies, ou bien attendront-elles qu’elle ait accompli la dangereuse cérémonie du « vol nuptial » dont peut dépendre l’avenir de la nation ? Souvent elles autorisent le massacre immédiat ; souvent aussi elles s’y opposent, mais on comprend qu’il est difficile de démêler si c’est en prévision d’un deuxième essaimage, ou des périls du « vol nuptial », car on a plus d’une fois observé qu’après avoir décrété le deuxième essaimage, elles y renonçaient brusquement, et détruisaient toute la descendance prédestinée, soit que le temps fut devenu moins propice, soit pour toute autre cause que nous ne pouvons pénétrer. Mais prenons qu’elles aient jugé bon de renoncer à l’essaimage et d’accepter les risques du « vol nuptial ». Quand notre jeune reine, poussée par son désir, s’approche de la région des grands berceaux, la garde s’ouvre à son passage. Elle, en proie à sa jalousie furieuse, se précipite sur la première capsule qu’elle rencontre, et des pattes, et des dents, s’évertue à déchirer la cire. Elle y parvient, arrache violemment le cocon qui tapisse la demeure, dénude la princesse endormie, et, si sa rivale