Page:Maeterlinck - La Vie des abeilles.djvu/189

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la multiplication de l’espèce avec la conservation de la souche et de ses rejetons. Quelquefois elles se trompent, elles jettent successivement trois ou quatre essaims qui épuisent complètement la cité-mère et qui, trop faibles eux-mêmes pour s’organiser assez vite, surpris par notre climat qui n’est pas leur climat d’origine dont les abeilles gardent malgré tout la mémoire, succombent à l’entrée de l’hiver. Elles sont alors victimes de ce qu’on nomme, « la fièvre d’essaimage » qui est, comme la fièvre ordinaire, une sorte de réaction trop ardente de la vie, réaction qui dépasse le but, ferme le cercle et retrouve la mort.

V

Aucune des décisions qu’elles vont prendre ne paraît s’imposer, et l’homme, s’il reste simplement spectateur, ne peut prévoir celle qu’elles choisiront. Mais ce qui marque que ce choix est toujours raisonné, c’est qu’il peut l’influencer, le déterminer même, en modifiant certaines circonstances, en rétrécissant ou agrandissant par exemple l’espace qu’il accorde, en enlevant des rayons pleins de miel