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l’animal et de l’homme, — mais dans une substance étrangère et inerte : dans une goutte de miel[1].

IV

Environ une semaine s’est écoulée depuis le départ de la vieille reine. Les nymphes princières qui dorment dans les capsules ne sont pas toutes du même âge, car il est de l’intérêt des abeilles que les naissances royales se succèdent à mesure qu’elles décideront qu’un deuxième, qu’un troisième ou même qu’un quatrième essaim sortira de la ruche. Depuis quelques heures elles ont graduellement aminci les parois de la capsule la plus mûre, et bientôt la jeune reine, qui de l’intérieur rongeait en même temps le couvercle arrondi, montre la tête, sort à demi, et, aidée des gardiennes qui

  1. Certains apidologues soutiennent qu’ouvrières et reines, après l’éclosion de l’œuf, reçoivent la même nourriture, une sorte de lait très riche en azote, que sécrète une glande spéciale dont est pourvue la tête des nourrices. Mais au bout de quelques jours les larves d’ouvrières sont sevrées et mises au régime plus grossier du miel et du pollen, au lieu que la future reine est gorgée jusqu’à son complet développement, du lait précieux qu’on a appelé « bouillie royale ». Quoi qu’il en soit, le résultat et le miracle sont pareils.