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déserts pour ne plus voir qu’elles, et fut surnommé « le Sauvage ». Mais c’est là plutôt la légende de l’abeille, et tout ce qu’on en peut tirer, c’est-à-dire presque rien, se trouve résumé dans le quatrième chant des Géorgiques de Virgile.

Son histoire ne commence qu’au xviie siècle avec les découvertes du grand savant hollandais Swammerdam. Il convient cependant d’ajouter ce détail peu connu ; c’est qu’avant Swammerdam un naturaliste flamand, Clutius, avait affirmé certaines vérités importantes, entre autres que la reine est la mère unique de tout son peuple et qu’elle possède les attributs des deux sexes ; mais il ne les avait pas prouvées. Swammerdam inventa les véritables méthodes d’observation scientifique, créa le microscope, imagina les injections conservatrices, disséqua le premier les abeilles, précisa définitivement, par la découverte des ovaires et de l’oviducte, le sexe de la reine qu’on avait crue roi jusqu’alors, et du coup, éclaira d’un rayon inattendu toute la politique de la ruche en la fondant sur la maternité. Il traça enfin des coupes et dessina des planches si parfaites qu’elles servent encore aujourd’hui à illustrer plus d’un traité d’apiculture. Il vivait dans le grouillant et