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orifice oblige la reine de se courber et de s’accroupir exerce sur la spermathèque une certaine pression, à la suite de laquelle les spermatozoaires en jaillissent et fécondent l’œuf au passage. Cette pression n’aurait pas lieu sur les grandes cellules, et la spermathèque ne s’entr’ouvrirait point. D’autres, au contraire, sont d’avis que la reine commande réellement aux muscles qui ouvrent ou ferment la spermathèque sur le vagin, et, de fait, ces muscles sont extrêmement nombreux, puissants et compliqués. Sans vouloir décider laquelle de ces deux hypothèses est la meilleure, car plus on va plus on observe, mieux on voit que l’on n’est qu’un naufragé sur l’océan jusqu’ici très inconnu de la nature, mieux on apprend qu’un fait est toujours prêt à surgir du sein d’une vague subitement plus transparente, qui détruit en un instant tout ce que l’on croyait savoir, j’avouerai cependant que je penche pour la seconde. D’abord, les expériences d’un apiculteur bordelais, M. Drory, montrent que si toutes les grandes cellules ont été enlevées de la ruche, la mère, le moment venu de pondre des œufs de mâles, n’hésite pas à les déposer dans des cellules d’ouvrières ; et inversement elle pondra des œufs d’ouvrières dans des