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la déformer ni la faire fléchir. Puis je remis où je l’avais prise la section munie de la rondelle. L’une des faces du rayon n’offrait donc rien d’anormal puisque le dommage était ainsi réparé, mais sur l’autre se voyait une sorte de grand trou dont le fond était formé par la rondelle d’étain et qui tenait la place d’une trentaine de cellules. Les abeilles furent d’abord déconcertées, elles vinrent en foule examiner et étudier l’abîme invraisemblable et, plusieurs jours durant, s’agitèrent tout autour et délibérèrent sans prendre de décision. Mais comme je les nourrissais abondamment chaque soir, il vint un moment où elles n’eurent plus de cellules disponibles pour emmagasiner leurs provisions. Il est probable qu’alors les grands ingénieurs, les sculpteurs et les cirières d’élite reçurent l’ordre de tirer parti du gouffre inutile.

Une lourde guirlande de cirières l’enveloppa pour entretenir la chaleur nécessaire, d’autres abeilles descendirent dans le trou et commencèrent par fixer solidement la rondelle de métal à l’aide de petites griffes de cire régulièrement échelonnées sur son pourtour et qui s’attachaient aux arêtes des cellules environnantes. Elles entreprirent alors, en les reliant à ces