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sans ordre, et là où elles pourraient s’intersecter, par conséquent réaliser l’économie de substance et d’espace dont profitent les abeilles, les Mélipones, sans s’aviser de cette économie possible, insèrent maladroitement entre les sphères des cellules à parois planes. Aussi, quand on compare un de leurs nids à la cité mathématique de nos mouches à miel, on croirait voir une bourgade de huttes primitives à côté d’une de ces villes implacablement régulières, qui sont le résultat peut-être sans charmes, mais logique, du génie de l’homme qui lutte plus âprement qu’autrefois contre le temps, l’espace et la matière.

XIX

La théorie courante, d’ailleurs renouvelée de Buffon, soutient que les abeilles n’ont pas du tout l’intention de faire des hexagones à base pyramidale, qu’elles veulent simplement creuser dans la cire des alvéoles ronds, mais que leurs voisines et celles qui travaillent sur l’autre face du gâteau, creusant en même temps, avec les mêmes intentions, les points où les alvéoles se rencontrent prennent forcément une