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pagnée d’une ou deux abeilles, je la retenais prisonnière dans le premier compartiment de la boîte, la séparant ainsi de ses amies, et après avoir marqué celles-ci d’une autre couleur, je leur donnais la liberté en les suivant des yeux. Il est évident que si une communication verbale ou magnétique eût été faite, comprenant une description des lieux, une méthode d’orientation, etc., j’aurais dû retrouver dans mon cabinet un certain nombre de ces abeilles ainsi renseignées. Je dois reconnaître que je n’en vis venir qu’une. Suivit-elle les indications reçues dans la ruche, était-ce pur hasard ? L’observation était insuffisante, mais les circonstances ne me permirent pas de la continuer. Je délivrai les abeilles « amorcées », et bientôt mon cabinet de travail fut envahi par la foule bourdonnante à laquelle elles avaient enseigné, selon leur méthode habituelle, le chemin du trésor[1].

  1. J’ai recommencé l’expérience aux premiers soleils de ce printemps ingrat. Elle m’a donné le même résultat négatif. D’autre part, un apiculteur de mes amis, observateur très habile et très sincère, à qui j’avais soumis le problème, m’écrit qu’il vient d’obtenir, en usant du même procédé, quatre communications irrécusables. Le fait demande à être vérifié et la question n’est pas résolue. Mais je suis convaincu que mon ami s’est laissé induire en erreur par son désir, très naturel, de voir réussir l’expérience.