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hauteur, que durant plus d’une semaine avant l’observation, j’avais laissé sur la table un rayon de miel désoperculé (c’est-à-dire dont les cellules étaient ouvertes), sans qu’une seule fût attirée par son parfum et le vint visiter. Je pris alors dans une ruche vitrée, placée non loin de la maison, une abeille italienne. Je l’emportai dans mon cabinet, la mis sur le rayon de miel et la marquai tandis qu’elle se régalait.

Repue, elle prit son vol, retourna à la ruche, et, l’ayant suivie, je l’y vis se hâter à la surface de la foule, plonger la tête dans une cellule vide, dégorger son miel et se disposer à sortir. Je la guettai et m’en saisis lorsqu’elle reparut sur le seuil. Je répétai vingt fois de suite l’expérience, prenant des sujets différents et supprimant à chaque fois l’abeille « amorcée », afin que les autres ne pussent la suivre à la piste. Pour le faire plus commodément j’avais placé à la porte de la ruche une boîte vitrée divisée, par une trappe, en deux compartiments. Si l’abeille marquée sortait seule, je l’emprisonnais simplement, comme j’avais fait de la première, et j’allais attendre dans mon cabinet l’arrivée des butineuses auxquelles elle aurait pu communiquer la nouvelle. Si elle sortait accom-