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Les compagnes qui viennent au trésor découvert par la première abeille, ne font-elles que la suivre ou bien y peuvent-elles être envoyées par celle-ci et le trouver par elles-mêmes en suivant ses indications et la description des lieux qu’elle aurait faite ? Il y a là, on le conçoit, au point de vue de l’étendue et du travail de l’intelligence, une différence énorme. Le savant anglais, à l’aide d’un appareil compliqué et ingénieux, de passerelles, de couloirs, de fossés pleins d’eau et de ponts volants, est parvenu à établir que dans ces cas, les fourmis suivaient simplement la piste de l’insecte indicateur. Ces expériences étaient praticables avec les fourmis que l’on peut obliger de passer par où l’on veut, mais à l’abeille, qui a des ailes, toutes les voies sont ouvertes. Il faudrait donc imaginer quelque autre expédient. En voici un dont j’ai usé, qui ne m’a pas donné de résultats décisifs, mais qui, mieux organisé et dans des circonstances plus favorables, entraînerait, je pense, des certitudes satisfaisantes.

Mon cabinet de travail à la campagne, se trouve au premier étage, au-dessus d’un rez-de-chaussée assez élevé. Hors le temps que fleurissent les tilleuls et les châtaigniers, les abeilles ont si peu coutume de voler à cette