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abeilles, et bien des anciens n’eussent guère songé à la leur reprocher. D’ailleurs, pouvons-nous prévoir tous les étonnements d’un être qui nous observerait comme nous les observons ?

VII

Il resterait à examiner, pour nous faire une idée plus nette de leur intelligence, de quelle façon elles communiquent entre elles. Il est manifeste qu’elles s’entendent, et qu’une république si nombreuse et dont les travaux sont si variés et si merveilleusement concertés, ne saurait subsister dans le silence et l’isolement spirituel de tant de milliers d’êtres. Elles doivent donc avoir la faculté d’exprimer leurs pensées ou leurs sentiments, soit au moyen d’un vocabulaire phonétique, soit plus probablement à l’aide d’une sorte de langage tactile ou d’une intuition magnétique, qui répond peut-être à des sens ou à des propriétés de la matière qui nous sont totalement inconnus, intuition dont le siège pourrait se trouver dans ces mystérieuses antennes qui palpent et comprennent les ténèbres et qui, d’après les calculs de Ches-