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rejoint le rideau suspendu dans les ténèbres, l’ascension prend fin, tout mouvement s’éteint peu à peu dans le dôme, et l’étrange cône renversé attend durant de longues heures, dans un silence qu’on pourrait croire religieux et dans une immobilité qui paraît effrayante, l’arrivée du mystère de la cire.

Pendant ce temps, sans se préoccuper de la formation du merveilleux rideau aux plis duquel un don magique va descendre, sans paraître tenté de s’y joindre, le reste des abeilles, c’est-à-dire toutes celles qui sont demeurées dans le bas de la ruche, examine l’édifice et entreprend les travaux nécessaires.

Le sol est soigneusement balayé, et les feuilles mortes, les brindilles, les grains de sable sont portés au loin, un à un, une à une, car la propreté des abeilles va jusqu’à la manie, et, lorsqu’au cœur de l’hiver les grands froids les empêchent trop longtemps d’effectuer ce qu’on appelle en apiculture leur « vol de propreté », plutôt que de souiller la ruche elles périssent en masse, victimes d’affreuses maladies d’entrailles. Seuls, les mâles sont incorrigiblement insoucieux, et couvrent impudemment d’ordures les rayons qu’ils fréquentent