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dans mes mains !… Regardez donc, ils mangent les rayons de la lune !… Mytyl, où donc es-tu ?… Il y a tant d’ailes bleues, tant de plumes qui tombent qu’on n’y voit plus du tout !… Tylô ! ne les mord pas… Ne leur fais pas de mal !… Prends-les très doucement !

MYTYL, enveloppée d’oiseaux bleus.

J’en ai déjà pris sept !… Oh ! qu’ils battent des ailes !… Je ne puis les tenir !…

TYLTYL

Moi non plus !… J’en ai trop !… Ils s’échappent !… Ils reviennent !… Tylô en a aussi !… Ils vont nous entraîner !… nous porter dans le ciel !… Viens, sortons par ici !… La Lumière nous attend !… Elle sera contente !… Par ici, par ici !…

(Ils s’évadent du jardin, les mains pleines d’oiseaux qui se débattent, et, traversant toute la salle parmi l’affolement des ailes azurées, sortent à droite, par où ils sont entrés, suivis du Pain et du Sucre qui n’ont pas pris d’oiseaux. — Restés seuls, la Nuit et le Chat remontent vers le fond et regardent anxieusement dans le jardin.)
LA NUIT

Ils ne l’ont pas ?…

LE CHAT

Non… Je le vois là sur ce rayon de lune… Ils n’ont pas pu l’atteindre, il se tenait trop haut…

(Le rideau tombe. Aussitôt après, devant le rideau tombé, entrent simultanément, à gauche la