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tourne vivement le diamant) Pas si vite !… Mon Dieu ! Il est trop tard !… Tu l’as tourné trop brusquement. Ils n’auront pas le temps de reprendre leur place, et nous aurons bien des ennuis… (La Fée redevient vieille femme, les murs de la cabane éteignent leurs splendeurs, les Heures rentrent dans l’horloge, le Rouet s’arrête, etc. Mais dans la hâte et le désarroi général, tandis que le Feu court follement autour de la pièce, à la recherche de la cheminée, un des Pains-de-quatre-livres, qui n’a pu retrouver place dans la huche, éclate en sanglots tout en poussant des rugissements d’épouvante.) Qu’y a-t-il ?…

LE PAIN, tout en larmes.

Il n’y a plus de place dans la huche !…

LA FÉE, se penchant sur la huche.

Mais si, mais si… (Poussant les autres pains qui ont repris leur place primitive.) Voyons, vite, rangez-vous…

(On heurte encore à la porte.)
LE PAIN, éperdu, s’efforçant vainement d’entrer dans la huche.

Il n’y a pas moyen !… Il me mangera le premier !…

LE CHIEN, gambadant autour de Tyltyl.

Mon petit dieu !… Je suis encore ici !… Je puis encore parler ! Je puis encore t’embrasser !… Encore ! encore ! encore !…

LA FÉE

Comment, toi aussi ?… Tu es encore là ?…

LE CHIEN

J’ai de la veine… Je n’ai pas pu rentrer dan le silence ; la trappe s’est refermée trop vite…