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LE CHAT, s’approchant de Mytyl et lui tendant la main,
cérémonieusement, avec circonspection.

Bonjour, Mademoiselle… Que vous êtes jolie ce matin !…

MYTYL

Bonjour, Monsieur… (À la Fée.) Qui est-ce ?…

LA FÉE

C’est facile à voir ; c’est l’âme de Tylette qui te tend la main… Embrasse-la…

LE CHIEN, bousculant le Chat.

Moi aussi !… J’embrasse le petit dieu !… J’embrasse la petite fille !… J’embrasse tout le monde !… Chic !… On va s’amuser !… Je vais faire peur à Tylette !… Hou ! hou ! hou !…

LE CHAT

Monsieur, je ne vous connais pas…

LA FÉE, menaçant le Chien de sa baguette.

Toi, tu vas te tenir bien tranquille ; sinon tu rentreras dans le silence, jusqu’à la fin des temps…

(Cependant, la féerie a poursuivi son cours : le Rouet s’est mis à tourner vertigineusement dans son coin en filant de splendides rayons de lumière ; la Fontaine, dans l’autre angle, se prend à chanter d’une voix suraiguë et, se transformant en fontaine lumineuse, inonde l’évier de nappes de perles et d’émeraudes, à travers lesquelles s’élance l’âme de l’eau, pareille à une jeune fille ruisselante, échevelée, pleurarde, qui va incontinent se battre avec le Feu.)