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vierge !… Et j’en ai tant et tant que la tête me pèse… Ils s’échappent de partout… Les vois-tu sur mes mains ?…

(Elle étale deux maigres mèches de cheveux gris.)
TYLTYL

Oui, j’en vois quelques-uns…

LA FÉE, indignée.

Quelques-uns !… Des gerbes ! des brassées ! des touffes ! des flots d’or !… Je sais bien que des gens disent qu’ils n’en voient point ; mais tu n’es pas de ces méchantes gens aveugles ; je suppose ?…

TYLTYL

Non, non, je vois très bien ceux qui ne se cachent point…

LA FÉE

Mais il faut voir les autres avec la même audace !… C’est bien curieux, les hommes… Depuis la mort des fées, ils n’y voient plus du tout et ne s’en doutent point… Heureusement que j’ai toujours sur moi tout ce qu’il faut pour rallumer les yeux éteints… Qu’est-ce que je sors de mon sac ?…

TYLTYL

Oh ! le joli petit chapeau vert !… Qu’est-ce qui brille ainsi sur la cocarde ?…

LA FÉE

C’est le gros diamant qui fait voir…