Page:Maeterlinck-L'oiseau bleu-1909.djvu/129

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tableau VIII

LE ROYAUME DE L’AVENIR


Les salles immenses du Palais d’Azur, où attendent les enfants qui vont naître. — Infinies perspectives de colonnes de saphir soutenant des voûtes de turquoise. Tout ici, depuis la lumière et les dalles de lapis-lazuli jusqu’aux pulvérulences du fond où se perdent les derniers arceaux, jusqu’aux moindres objets, est d’un bleu irréel, intense, féerique. Seuls les chapiteaux et les socles des colonnes, les clefs de voûte, quelques sièges quelques bancs circulaires sont de marbre blanc ou d’albâtre. — À droite, entre les colonnes, de grandes portes opalines. Ces portes, dont le Temps, vers la fin de la scène, écartera les battants, s’ouvrent sur la vie actuelle et les quais de l’Aurore. Partout, peuplant harmonieusement la salle, une foule d’enfants vêtus de longues robes azurées. — Les uns jouent, d’autres se promènent, d’autres causent ou songent ; beaucoup sont endormis, beaucoup aussi travaillent, entre les colonnades, aux inventions futures ; et leurs outils, leurs instruments, les appareils qu’ils construisent, les plantes, les fleurs et les fruits qu’ils cultivent ou qu’ils cueillent sont du même bleu surnaturel et lumineux que l’atmosphère générale du Palais. — Parmi les enfants, revêtues d’un azur plus pâle et plus diaphane, passent et repassent quelques figures de haute taille, d’une beauté souveraine et silencieuse, qui paraissent être des anges.


(Entrent à gauche, comme à la dérobée, en se glissant parmi les colonnes du premier plan, Tyltyl, Mytyl et la Lumière. Leur arrivée provoque un certain mouvement parmi les Enfants-Bleus