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LE LIERRE, qui a ficelé le Chien comme un paquet.

Où faut-il le porter ?… Je l’ai bien bâillonné… il ne souffle plus mot…

LE CHÊNE

Qu’on l’attache solidement là-bas, derrière mon tronc, à ma grosse racine… Nous verrons ensuite ce qu’il convient d’en faire… (Le Lierre aidé du Peuplier porte le Chien derrière le tronc du Chêne) Est-ce fait ?… Bien, maintenant que nous voilà débarrassés de ce témoin gênant et de ce renégat, délibérons selon notre justice et notre vérité… Mon émotion, je ne vous le cache point, est profonde et pénible… C’est la première fois qu’il nous est donné de juger l’Homme et de lui faire sentir notre puissance… Je ne crois pas qu’après le mal qu’il nous a fait, après les monstrueuses injustices que nous avons subies, il reste le moindre doute sur la sentence qui l’attend…

TOUS LES ARBRES et TOUS LES ANIMAUX

Non ! Non ! Non !… Pas de doute !… La pendaison !… La mort !… Il y a trop d’injustice !… Il a trop abusé !… Il y a trop longtemps !… Qu’on l’écrase ! Qu’on le mange !… Tout de suite !… Tout de suite !…

TYLTYL, au Chat.

Qu’ont-ils donc ?… Ils ne sont pas contents ?…

LE CHAT

Ne vous inquiétez pas… Ils sont un peu fâchés à cause que le Printemps est en retard… Laissez-moi faire, j’arrangerai tout ça…