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CORÉE

Le climat est à peu près aussi extrême que celui de la Chine du nord, il est toutefois plus humide et moins régulier. Il se prête à la culture du riz et d’autres céréales, blé, seigle, millet ; le coton, le tabac réussissent, l’oranger, le bambou poussent dans le sud ; les bois du nord sont assez abondants et de bonne qualité. Les chevaux sont nombreux, mais petits et vicieux ; les bœufs résistants, fort beaux et très doux, sont employés à presque tous les transports. Les animaux sauvages, panthères, tigres et autres, étaient fréquents il y a peu d’années ; ils ont presque disparu.

Gouvernement

Jusqu’en 1894, le royaume de Corée, vassal de la Chine depuis des siècles, était organisé à l’image de la Chine des Ming : tout pouvoir de décision appartenait au Roi, qui prenait les avis du Grand Conseil d’État, Eui tcheng pou. Ce Conseil était dirigé par le Ryeng eui tcheng, dont le titre a été, je ne sais pourquoi, traduit par Conseiller Admirable ; par le Conseiller de Gauche, Tchá eui tcheng, et par le Conseiller de Droite, Ou eui tcheng, la gauche ayant, comme en Chine, le pas sur la droite. Au-dessous du Grand Conseil, on trouvait :

Le Conseil Privé, Seung tcheng ouen.

La Cour des Censeurs, Sa hen pou.

La Cour des Remon trances, Sa kán ouen.

La Haute Cour de Justice, Eui keum pou.

Les six Ministères, Ryouk tcho (des Fonctionnaires civils, Ritcho ; du Cens, Ho tcho ; des Rites, Ryei tcho : de l’Arméc, Pyeng tcho ; de la Justice, lyeng tcho ; des Travaux, Kong tcho).

L’Imprimerie Royale, Kyo se koán.

Les Académies, Hong moun koân et Yei moun koán.

Le Collège des Historiographes, Tchhoun tchhou koán.

La Cour des Interprètes, Sa yek ouen, etc.

Le royaume était divisé en huit provinces, hpal to, formant 330 districts de diverses classes ; les gouverneurs, koán tchál sa ou kám sa, et les magistrats de district réunissaient tous les pouvoirs comme administrateurs, commandants militaires, sacrificateurs, justiciers, percepteurs de l’impôt (perçu principalement en grains).

La suzeraineté de la Chine se manifestait par l’envoi annuel de l’ambassade chargée de porter le tribut : ce tribut peu considérable était compensé par les cadeaux que l’Empereur accordait au Roi. Tous les ans, la Cour de Pékin faisait parvenir à Seoul le calendrier officiel ; à la mort d’un personnage de la famille royale, une ambassade chinoise apportait les condoléances et les présents funéraires de la part de l’Empereur ; lors de l’accession au trône, un ambassadeur impérial venait donner l’investiture.

A part ces marques de déférence pour le Grand Pays, tái kouk, la Corée était pratiquement indépendante pour ses affaires intérieures comme pour ses relations extérieures. Elle avait, à partir de 1876, traité sur un pied d’égalité avec plusieurs États étrangers et avait formé deux nouveaux bureaux (1882) :

Conseil des Affaires militaires et intérieures, Nai mou pou.

Conseil des Relations extérieures, Thong ri â moun ou Eû â moun.

La douane maritime, Hai koân, établie en 1883, était devenue en 1885, un service détaché des Douanes Impériales Maritimes Chinoises. La Chine n’était intervenue que quand des troubles intérieurs avaient amené (1882 et 1884) une action du Japon et quand il s’était agi pour la Corée d’envoyer des représentants à l’étranger.