Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 03.pdf/217

Cette page n’a pas encore été corrigée

ment Brutus, que Milon s’eſt accouſtumé dés ſon Enfance à ſe ioüer auec vn ieune Taureau, & qu’il en porta vn ſur ſes eſpaules lors qu’il fut aux ieux Olympiques, mais ie ne ſçay pas adiouſta-t’il auec vn ſoûrire meſpriſant, s’il eſt accouſtumé de combattre de ieunes Lions. En diſant cela Brutus ſe ſaiſit de deux eſpées, qu’il prit à vn Eſclaue qui les portoit, & qui paſſa fortuitement au lieu où Milon et luy ſe promenoient. Mais à peine les eut-il arrachées à cét Eſclaue, qu’en iettant vne à Milon, prens cette eſpée, luy dit-il, & ſi tu veux conſeruer la gloire que tu as acquiſe, ne meſpriſe pas vn ennemy qui croit auoir le cœur plus grand que toy, quoy que tu ſois plus fort que luy. A ces mots Milon ſoûrit fierement, en receuent l’eſpée que cét illuſtre Romain luy iette, & ſe reculant de deux ou trois pas en regardant Brutus auec vne action mena-