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que Tiberinus qui commandoit l’Aiſle gauche auoit beſoin d’eſtre ſouſtenu : ſi bien qu’allant ſans differer où la neceſſité l’apelloit, il changea ſon Deſtin comme il auoit changé celuy des autres Corps où il auoit combatu, & mit la victoire par tout. En effet les Ennemis perdant cœur apres auoir perdu tous leurs auantages, il les rompit, & les deffit ſi abſolument, que ceux qui ne moururent point en cette ſanglante iournée, ietterent leurs Armes, & implorerent la clemence des vainqueurs. Mais ce qu’il y eut de conſiderable en cette occaſion, fut qu’encore qu’Aronce ne commandaſt qu’vn petit Corps, il commanda pourtant toute l’Armée, dés que Bianor fut mort : car ſa rare valeur luy aquit vn tel credit ſur l’eſprit des Soldats & des Officiers, que tout le reconnut, & que tout luy obeït. Auſſi Mezence,