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ment forcez à donner vne Bataille : qui quoy qu’elle ne fuſt pas donnée par de ces formidables Armées dont la ſeule veuë eſpouuente, ne laiſſa pas, s’il faut ainſi dire, d’eſtre plus terrible que ſi ces deux Armées euſſent eſté plus nombreuſes. En effet lors qu’vne Bataille ſe donne entre quatre ou cinq cens mille hommes, il y en a ſouuent vne grande partie qui ne ſont que les ſpectateurs du combat : & la victoire ſe remporte bien ſouuent pluſtoſt par vne terreur panique, ou par vne déroute tumultueuſe, qui ſe met dans cette multitude où l’ordre eſt ſi difficile à garder, que par de veritables actions de valeur, ou par la conduite des Capitaines. Au contraire lors que deux petits Corps combatent, il n’y en a aucune partie inutile : le peril eſt preſques eſgal par tout : la Mort erre de rang en rang : tout agit,