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uoit la vie. Si bien que comme c’eſt la couſtume de toutes les Cours, Aronce ne fut pas pluſtoſt regardé fauorablement de ce Prince, qu’il le fut auſſi de tous ceux qui l’aprochoient. Bianor & Tiberinus meſme, luy firent tous les honneurs imaginables : ioint que comme Aronce eſtoit infiniment aimable, il eſtoit aſſez aiſé de l’aimer. Auſſi Mezence en eut-il le cœur ſi touché, qu’il diſoit tout haut, quelques iours apres qu’il fut à Perouſe, que quand il n’euſt pas deû la vie à Aronce, il n’auroit pas laiſſé de l’aimer tendrement, & de le iuger digne de ſa premiere faueur. Ces paroles auantageuſes, qui furent raportées à Tiberinus, luy mirent dans le cœur beaucoup de ialouſie pour la faueur naiſſante d’Aronce : de ſorte que pour l’eſloigner honneſtement, il diſoit à Mezence qu’il luy eſtoit honteux de retenir ſi longtemps cét