Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 02.pdf/620

Cette page n’a pas encore été corrigée

là : car la Mer eſtoit tranquile ; la nuit eſtoit fort claire ; il n’y auoit qu’vn petit vent frais qui ſouffloit ; la Barque eſtoit couuerte de branches d’Orangers, & de Mirthe, qui auoient vne odeur admirable ; ils auoient fait mettre des Quarreaux ſur quoy ils ſe pouuoient coucher quand l’enuie de dormir les prendroit : & ceux qui conduiſoient la Barque ramoient fort eſgallement, & ſçauoient bien leur meſtier. Cette Barque n’eſtoit pas meſme ſi petite qu’ils ne peuſſent s’entretenir ſans eſtre entendus de ceux qui la conduiſoient : de ſorte que i’ay oüy aſſurer & à Philionte, & à Artaxandre, qu’ils n’ont iamais paſſé vn plus agreable ſoir que celuy là. Il eſt vray qu’ils firent tant de choſes, qu’ils n’eurent pas loiſir de s’ennuyer : car ils parlerent de tout ce que deux hommes qui ont de l’eſprit peuuent parler : ils chanterent durant