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ce que ie cherche : c’eſt pourquoy dittes moy vn peu s’il eſt permis d’auoir deux Maris, auſſi bien que deux Amans ? Puis que l’vſage a déterminé que cela ne choque point la bien-ſeance, reprit Cephiſe, ie n’ay garde de dire le contraire : mais ſi vous voulez que ie vous diſe poſitiuement ce que ie penſe ſur cette matiere ; ie vous aduoüeray ingenûment que ie pardonne plus volontiers à vne Femme d’auoir deux Amans en ſa vie, que deux Maris, car enfin il y a encore quelque choſe de moins eſtrange, & qui bleſſe moins vne imagination delicate, de donner deux fois ſon cœur tout entier pour vn temps, que de ſe donner pour toute ſa vie : et ie ſoutiens enfin que ſi vn ſentiment d’ambition ou d’auour, n’excuſe celles qui ſe remarient, elles ſont inexcuſables : du moins ſçay-ie bien que ie trouuerois plus honneſte d’eſtre