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ment à mon repos que ie croye que vous l’auez fort aimé : c’eſt pourquoy il n’eſt pas ſi bizarre que vous penſez, d’auoir de la douleur de ce que vous n’en auez point eu de ſa perte. Ie ne vous dis pas, repliqua-t’elle, que ie vous aime moins que ie ne l’ay aimé : mais comme ie ſuis ſincere, ie vous aduouë que ie ne vous aime pas plus : & que ie ne puis aimer dauantage. Ie vous croy Madame, ie vous croy, repliqua bruſquement Artaxandre, & ie ne vous croy que trop pour mon repos : car quand ie m’imagine qu’vn Amant abſent eſt preſques vn Amant mort pour vne perſonne de voſtre humeur ; que ie penſe en ſuite que dés que ie ne vous verray plus, vous ſerez comme ſi vous ne m’auiez iamais veû ; ie ſens vn dépit que ie ne vous puis repreſenter. De plus, comme i’ay l’imagination aſſez viue, & aſſez forte, ie me figure que ſi i’eſtois mort ou ab-