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Pour cét effet, elle ſe mit à dire cent agreables folies : elle railla meſme ſur vne choſe que cét Amant qu’elle auoit perdu luy auoit dite autrefois, qu’elle raconta à Artaxandre. Car imaginez vous, luy dit-elle, que comme Philicrate me parloit le iour qui preceda ſon départ, il me dit que quoy que la mort ſemblaſt luy deuoir eſtre eſgalle par tout, il ſeroit pourtant bien plus faſché de mourir loin de Crete, que de mourir aupres de moy. Ie vous aſſure, luy repliquay-ie, que ie n’en comprens pas trop bien la raiſon : puis que ie vous declare que ſi vous eſtiez dangereuſement malade, ie ne vous irois pas voir : car quelque plaiſir qu’on s’imagine aux ſoupirs d’vn Amant, ie ne voudrois iamais eſtre preſente à voſtre dernier ſoupir : c’eſt pourquoy ie ne voy pas qu’il vous importaſt beaucoup de mourir à Crete ou au fonds de l’Af-