Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 02.pdf/58

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous pas plus fâcheux de vous pouuoir reprocher que vous trompez les autres, que de reprocher aux autres qu’ils vous trompent ? Comme i’ay eſprouué tous les deux, repliqua Statilie en riant, ie puis en parler par experience : & vous aſſurer Madame, qu’il eſt beaucoup moins fâcheux en ces rencontres de tromper les autres, que d’eſtre trompée par eux. Veritablement, pourſuiuit-elle, ſi ie me pouuois reprocher d’auoir fait vne meſchanceté effectiue, ie ſerois au deſeſpoir : mais dans les ſentimens que i’ay eu en ouurant des Lettres, ie ne croy pas que ie ſois fort criminelle. Car s’il n’y a rien de conſiderable, ie ne fais mal à perſonne : s’il y a quelque choſe de plaiſant qui ne me regarde point, ie me contente d’en rire en particulier : & s’il y a quelque choſe de fâcheux où i’aye intereſt, ie ne fais mal qu’à ceux qui