Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 02.pdf/574

Cette page n’a pas encore été corrigée

dre pouuoit raiſonnablement & ſans vanité auoir autant d’eſperance que d’amour : car Paſithée eſtoit ſi douce pour luy ; & il connoiſſoit ſi bien qu’il luy plaiſoit : qu’eſtant aſſuré de plaire, il l’eſtoit preſques d’eſtre bien toſt aimé. Et en effet en fort peu de iours Paſithée luy donna toutes les innocentes marques d’affection qu’elle eſtoit capable de luy donner : car elle l’eſcouta auec plaiſir ; elle ſouffrit qu’il luy parlaſt de ſon amour ; elle ne luy deffendit pas d’eſperer ; & peu de iours apres elle voulut meſme bien qu’il creûſt qu’il eſtoit aimé. Il eſt vray que les cœurs de ces deux Perſonnes eſtoient ſi accouſtumez au plaiſir, qu’ils ne ſentirent peut-eſtre pas auſſi ſenſiblement que d’autres, le bonheur dont ils iouïſſoient : car il faut tomber d’accord que quand on paſſe de la douleur à la ioye, elle en eſt beaucoup plus ſenſible. Mais