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eſtre obligé de vous donner mon cœur pour vous recompenſer de celuy que vous dittes que vous n’auez pas accepté à ma conſideration : car auſſi bien quand ie ne vous le donnerois pas, auez-uous bien la mine de me l’oſter malgré que i’en aye : de ſorte que pour vous empeſcher de faire vn larcin, i’aime mieux vous faire vne liberalité. Si vous connoiſſiez bien mon humeur, reprit-elle en riant, vous ne diriez pas ce que vous dittes : car par vn caprice dont ie ne puis dire la raiſon, i’aime mieux ce que ie dérobe que ce que l’on me donne. Puis que cela eſt, repliqua-t’il, vous n’auez qu’à me rendre mon cœur auiourd’huy, & vous me le déroberez demain. Apres cela ces autres Dames ſe meſlant dans la conuerſation, & Philionte auſſi, elle deuint tout à fait agreable : car Artaxandre ayant vn nouueau deſſein de plaire,